Dans le cadre de leurs études de management international de l’hôtellerie et de la restauration, Juliette, Anna et Pauline, trois étudiantes de l’Institut Paul Bocuse, ont rédigé leur mémoire sur le thème de l’inclusion des personnes porteuses d’autisme dans l’hôtellerie.
La problématique consistait à déterminer les moyens d’encourager l’inclusion de ces personnes au sein d’établissements hôteliers. Pour mener à bien leur étude, elles se sont rapprochées de professionnels dans le champ du handicap et de l’hôtellerie, qui se sont rendus disponibles pour répondre à leurs questions. Elles remercient notamment Madame Thibert, cheffe du Service d’Insertion Professionnelle à l’ALGED, dont l’aide a été précieuse.
Elles sont parties du constat du Président de la République qui déclarait en 2020 que notre société « peine encore à accueillir tous les siens », considérant que la France a encore des progrès à faire en matière d’inclusion des personnes en situation de handicap. Pour autant, la dynamique est positive, comme le souligne Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées.
Sur le volet de l’emploi, les trois étudiantes notent que le gouvernement revendique un objectif clair : faire du handicap une force et opérer un changement structurel. Un pacte républicain est annoncé, par l’action conjointe et complémentaire de tous les acteurs de la société. L’État, le tissu associatif et le milieu professionnel. Le législateur contraint les entreprises de plus de vingt salariés à employer 6% de travailleurs handicapés, mais en dépit de cette mesure forte, la discrimination à l’emploi est criante : le taux de chômage chez ces personnes est deux fois plus élevé que le taux national en France. Les personnes porteuses d’autisme ne sont que 0,5% à occuper un poste en milieu ordinaire, bien en deçà du taux d’autres pays dits développés. Un projet « autisme-emploi » a vu le jour en 2014, proposant à l’issue d’une étude internationale, des outils et un processus d’aide à l’intégration professionnelle des personnes porteuses d’autisme désireuses de travailler en milieu ordinaire.
Juliette, Anna et Pauline soulignent que les filières de l’hôtellerie disposent de carrières potentiellement accessibles, et que la réussite de l’inclusion repose avant tout sur l’implication des directeurs d’hôtels. Les chefs d’établissement doivent avant tout connaître les spécificités de l’autisme pour identifier les freins au travail tels qu’une aptitude malaisée au lien social
ou une hypersensibilité sensorielle. Ils pourront ainsi déterminer les postes potentiellement adaptés et mettre en place des stratégies d’aménagements opportuns pour les rendre plus facilement accessibles. La réussite de l’intégration d’une personne autiste en milieu professionnel ordinaire passe souvent par une sensibilisation des équipes et des aménagements simples et peu coûteux tels que l’aménagement des horaires.
Pour les auteures du mémoire, la mise en place d’une politique d’inclusion au sein d’un établissement hôtelier a un impact positif sur trois axes : les équipes, la relation client et la stratégie RSE (Responsabilité Sociétale d’Entreprise).
- L’emploi de personnes porteuses de handicap tend à favoriser l’entraide, l’esprit d’équipe et la cohésion sur le lieu d’exercice, ciments d’une qualité de vie au travail vertueuse. C’est l’acceptation de soi et des différences entre les individus qui est valorisée.
- Employer des personnes porteuses de handicap améliore en outre l’identité de l’entreprise, son image de marque aux yeux de ses clients et la distingue favorablement de ses concurrents. En donnant à voir son ouverture sur la diversité de ce monde et son altruisme, c’est son humanité qu’elle met en exergue.
Le Label Diversité créé en 2008 avec des partenaires sociaux et des experts est une reconnaissance officielle de pratiques efficaces de promotion de la diversité et porte sur la prévention de toutes les formes de discriminations reconnues par la loi, dont celles liées au handicap. Le Radisson Blu Hotel de Nice, premier hôtel à avoir obtenu cette certification, a inscrit une politique d’insertion des personnes porteuses de handicap dans sa stratégie globale des ressources humaines. Valorisé dans la stratégie RSE de l’entreprise, le label met en lumière son engagement en faveur d’une démarche citoyenne responsable et accroît ainsi son attractivité et sa compétitivité.
L’inclusion professionnelle en milieu dit ordinaire des personnes porteuses d’autisme n’est toutefois pas toujours la voie la plus adaptée à leur bien-être. Bien conscientes de ce constat, les trois étudiantes de l’Institut Paul Bocuse ont néanmoins souhaité mettre en évidence le champ des possibles pour que de potentiels employeurs considèrent positivement cette opportunité.
Anna, Juliette et Pauline
>> Ces textes sont extraits de la revue Ensemble n°79 (Juin 2021)