De gauche à droite : Marine BONIDAN, éducatrice spécialisée, Edith DREYER-DUFER, assistante sociale CESF et Sophie Moulin, cheffe de service du FV et du SAT
Nous sommes en novembre et une très bonne nouvelle vient de nous parvenir : le site du Val d’Ozon vient de remporter un appel à projets du Département du Rhône pour l’aide aux aidants de personnes âgées ou en situation de handicap. Objectif ? Soutenir et aider les aidants à domicile pour prévenir les risques de rupture de parcours de personnes en situation de handicap.
Cet appel à projet permettra au site de l’ALGED de financer son nouveau projet « Equipe mobile » grâce à un financement de 66 800 € pour la période du 1er janvier au 31 décembre 2022.
Rencontre avec l’équipe mobile
Nous nous rendons à Saint-Symphorien d’Ozon, à la rencontre des professionnels qui rendent ce nouveau dispositif possible. Les 3 actrices principales de l’équipe mobile nous accueillent dans la petite salle de pause du Val d’Ozon. Nous y retrouvons Sophie Moulin, cheffe de service du FV et du SAT (Service d’Accueil Temporaire) du Val d’Ozon qui a participé au lancement du projet. Elle a ensuite été rejoint par Edith DREYER-DUFER, assistante sociale CESF et Marine BONIDAN, éducatrice spécialisée au SAT qui ont toutes les deux rejoint l’équipe mobile il y a 1 an. L’équipe est complétée de Leïla RABEHI, psychologue et Marie-Laure PERRINET, Ergothérapeute. L’ensemble de l’équipe travaille sous la direction d’Estelle GENISSEL, directrice du site du Val D’Ozon.
Comment est né le projet
Lors de l’accompagnement des personnes en situation de handicap au SAT, certaines interventions nécessitaient un accompagnement à domicile auquel le service ne pouvait répondre. Les professionnels du Val d’Ozon sentaient certaines familles isolées, démunies face au handicap de leurs proches et à la lourdeur administrative des solutions qui existaient. Lors de la crise sanitaire de la Covid, le SAT a dû fermer. Une solution de passerelle entre le SAT et une future solution plus adaptée pour personnes accompagnées par le service devait être pensée.
Sophi Moulin explique : « On voyait des familles fatiguées, épuisées. La lourdeur administrative fait qu’on voyait les situations se dégrader. Ce n’était satisfaisant pour personne. »
Estelle GENISSEL synthétise : « Tout un travail était à faire pour identifier où en sont les aidants, les risques d’usures et de burn-out et comment les soulager. L’objectif principal est donc de mettre en place des solutions d’étayage qui permettent de maintenir les personnes accompagnées à domicile en soutenant les aidants ».
Comment fonctionne l’équipe mobile
La directrice du site explique « Il y a donc 3 phases à ce projet qui permet actuellement d’accompagner 9 familles :
- Tout d’abord, l’évaluation du risque d’usure de l’aidant
- Une évaluation du besoin de la personne aidée
- l’élaboration commune d’un plan d’action aidant/aidé
Edith explique « Nous avons un bon travail d’équipe, c’est précieux ». Sophie Moulin ajoute « Faire le lien, prendre contact avec les acteurs de terrain, avec les équipes éducatives, les professionnels… Cela répond à un réel besoin ».
Pas de journée type
« Pour chaque nouvelle famille suivit par l’équipe mobile, la première étape d’évaluation passe par 2 entretiens préalables avec l’aidant principal, à son domicile » explique Edith. Le premier permet clairement de mesurer la fatigue de l’aidant. Le 2e s’appuie sur une grille d’accompagnement du quotidien. « Suite à cela, l’équipe se réunit pour proposer un plan d’action et revoit régulièrement comment adapter le soutien à la famille. Ce peut être un soutien dans l’aide à la séparation, Marine peut faire de la guidance parentale, proposer des solutions en attendant la notification MDPH ou une place en CAJ par exemple. C’est un vrai plus d’avoir le regard de différents professionnels, c’est très riche ». Marine ajoute « L’objectif est vraiment d’éviter les ruptures de parcours. Sur le SAT on ne pouvait que constater que ça n’allait plus. Avec ce dispositif on agit directement ».
Une population vieillissante
Une partie des personnes vieillissantes auraient pu trouver une place en EHPAD mais ceux-ci ne sont pas toujours prêts à accueillir ces nouveaux publics. Pour les familles aussi, l’image de la vie en EHPAD n’est pas toujours positive. L’équipe mobile assure donc également un rôle de lien entre les familles aidantes et ces établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Il s’agit de rassurer. « Le champ du handicap et de la gérontologie sont différents mais les problématiques se recroisent » explique Edith. « Quand le handicap est trop compliqué, l’EHPAD n’est pas toujours une solution mais souvent, cela peut l’être. L’équipe mobile est donc là pour faire le lien. Nous nous déplaçons, les équipes de professionnels se rencontrent sur des temps de repas, de toilette… ».
L’exemple de madame C.
« Au SAT, on suivait depuis plusieurs années une femme, madame C, dont les parents tenaient mais étaient épuisés. Nous pensions qu’un jour cette personne pourrait intégrer un FAM et si la famille était prête à cela, la personne en situation de handicap non, ce qui faisait culpabiliser la famille.
La psychologue de l’équipe mobile est intervenue, la psychiatre du SAT a elle aussi rencontré la famille. Nous avons pu proposer à madame C. des séjours au Val d’Ozon mais aussi dans d’autres structures pour tester, à chaque fois accompagné de Marine. La psychologue a aussi pu effectuer des visites au domicile et en effectuera encore en décembre pour échanger et voir ce que cette expérience pouvait apporter dans ce cas précis. L’objectif et de voir comment envisager la suite de la manière la moins violente pour madame C. comme pour sa famille. En parallèle, Edith reste à disposition pour un accompagnement administratif.
Dans ce cas précis, une partie de ce qui a été proposé à été refusé par la famille. Nous respectons donc leurs besoins et leurs attentes. Tout est toujours modulable. »
Que va changer cette aide du Département ?
« Le projet avait été initié avant que soit lancé l’appel à projet, sur fonds propres et de premiers résultats positifs ont vu le jour » rappelle Estelle GENISSEL. Pour autant, les professionnels qui travaillaient sur le sujet devaient se consacrer à l’équipe mobile en plus de leurs missions quotidiennes. Avec cette aide du Département, nous allons pouvoir tester durant 1 an ce fonctionnement et évaluer si cela peut se poursuivre ou non ».
« Finalement, ce qui est intéressant c’est ce double regard que peut avoir le SAT sur les situations » ajoute Edith. Sophie Moulin complète « Ce dispositif est plus rassurant pour les familles parce que le SAT avait déjà cette culture d’échange avec les proches. On part vraiment des besoins de chacun. Ce travail est très riche ».