Pour la 2e année consécutive, l’ESAT Didier Baron a fait appel aux équipes d’Handiwork pour enrichir ses actions de découverte du milieu ordinaire de travail. Handiwork est un organisme de formation qui propose, en autre, des stages collectifs de travail dans la grande distribution, la restauration rapide et la logistique, encadré par l’un de leurs formateurs.

De septembre à juin 2024, chaque mardi après-midi, quatre travailleurs de l’ESAT de Chaponost se sont rendus au Monoprix de Oullins, en totale autonomie. Ainsi, Mélany Ferry, Emmanuelle Thiebaud, Ayoub et Tom Santos ont découvert le contact avec la clientèle, les conditions de rangement d’un rayon, la préparation de commandes, le travail d’équipe, parfois l’encaissement…

L’année précédente, Ophélie Glaize, Clément Crozier, Matthieu et Chrystopher Morel avaient eux-aussi participé à cette expérience avec des retours très positifs.

Cette riche expérience leur permet de découvrir un autre environnement de travail et pour ceux qui le souhaitent, de construire une première étape vers un projet de travail en entreprise, de gagner en autonomie et en affirmation de soi.

 

Retours ravis de cette première en milieu ordinaire

Ayoub, travailleur de l’atelier de préparation de commandes revient sur son expérience : « Handiwork, ça permet de travailler en milieu ordinaire pour découvrir le secteur, travailler dans un autre lieu que l’ESAT. On allait à Oullins tous les mardis, de 13h40 à 16h30. On s’occupait des drives, de la mise en rayon, du facing qui consiste à mettre les produits correctement dans les rayons pour les clients… C’était vraiment bien mais c’était trop court, dommage !

Tom Santos, du même atelier complète : « On a aussi fait la rupture : on scanne le produit avec la douchette et c’est l’ordinateur qui gère le stock. C’était un peu compliqué au départ mais après on a réussi. On a géré les prix dans les rayons aussi : quand les étiquettes sont abîmées, on les change pour que les clients lisent plus facilement… maintenant je sais ce que c’est le milieu ordinaire. »

Mélany Ferry, travaillant d’ordinaire en blanchisserie, était tout autant convaincue de l’expérience : « J’étais avec Tom et Ayoub, nous avons fait la mise en rayon et les précommandes. Ça s’est très bien passé, je ne rencontrais aucune difficulté. J’ai aussi fait la caisse, c’était plus facile. Ce que j’ai le plus aimé c’est la rupture : le fait de scanner le code barre et sur l’écran, voir les produits qu’il y a, gérer les commandes et les livraisons. 

La relation-client aussi était intéressante : le client vient nous voir et il nous demande le prix du pot de confiture par exemple. On lui disait où aller. Le magasin de Monoprix nous a félicité de bien travailler avec eux. Ils nous ont offert des biscuits, des livres, des stylos… »

 

Un accompagnement pour plus d’autonomie

A chaque début d’expérience, un formateur d’Handiwork est présent ainsi que les équipes du lieu d’accueil, pour expliquer les missions et montrer les tâches à réaliser. Chaque stagiaire peut ensuite, à son tour, réaliser ses missions en autonomie. Pour autant, le formateur n’est jamais loin et peut aider lorsqu’un travailleur rencontre une difficulté. Un travail qui ne pourrait fonctionner sans la sensibilisation des entreprises d’accueil. Et cela fonctionne !

Pour Emmanuelle Thiebaud, par exemple, ce fonctionnement semble l’avoir conquis : « On m’a montré comment faire et j’ai géré toute seule ensuite. Ça m’a bien plu mais les caisses c’était trop compliqué. Finalement, j’ai préféré le facing. Comme cette expérience m’a vraiment plu, j’en ai refait pendant les vacances. J’aimerai faire un stage là-bas. »

Ophélie Glaize, quant à elle, a découvert que le relationnel était une réelle qualité chez elle : « J’ai aimé le contact avec les gens, parler avec eux, ça m’a permis de me remettre à niveau. J’ai découvert l’organisation du magasin, j’ai beaucoup aimé le ré-étiquetage des vêtements aussi, ça change. Si c’est à refaire j’y retournerai même si c’est court une demi-journée, j’aurai voulu travailler plus. »

Et Christopher complète « les commandes, le facing, la mise à jour des étiquettes électroniques, le tri des vêtements dans le sous-sol… C’était bien de travailler avec Mélissa, Jérôme et Angélique de Monoprix. C’était une expérience. J’ai même monté un petit meuble de décoration, une table ».

Nelly Seraille, monitrice d’atelier de préparation de commande, où est accompagné Christopher notamment, ajoute : « Christopher fait partie de ceux qui ont très vite progressé. Il a pu préparer seul des drives par exemple. Les personnes d’Handiwork ne s’attendaient pas leur laisser autant d’autonomie. »

 

Un tremplin potentiel pour le milieu ordinaire

Matthieu, travailleur dans l’atelier électricité de l’ESAT explique « Moi j’ai bien aimé trier les vêtements avec Christopher et trier les légumes aussi ». Zouhair, moniteur de ce même atelier ajoute avec bienveillance et non sans une certaine fierté : « En complément, Matthieu fait une formation avec le pôle passerelle pour faire un stage en dehors et il prépare son intégration au SIP. Ça a été un bon exercice de préparation. Matthieu, je te connais bien, je trouve que tu as gagné en confiance en toi, dans tes échanges, avec les clients que tu côtois… »

Marie-Christine Keller, monitrice d’atelier également à l’ESAT Didier Baron indique « Beaucoup avaient envie de travailler en milieu ordinaire. Ce qui est bien avec Handiwork, c’est qu’il y avait toujours une personne avec eux. Et c’était un bon compromis pour avoir une première expérience.

Pour Clément, qui est très hésitant, ça lui a permis de s’affirmer, d’oser dire non aussi. Maintenant il est partant pour faire plein de choses, il était très intéressé par le milieu ordinaire. Il est aussi allé faire d’autres prestations et travaille à la « boutique officielle » 2 fois par semaine. On voit qu’il est épanoui. Ophélie, à la suite de cette expérience, a fait un stage toute seule d’un mois en août. Sans personne d’Handiwork ou moniteur de l’ESAT pour l’accompagner. » 

Et effectivement, ce projet inclusif a permis de conforter certains travailleurs d’ESAT dans leur souhait d’intégrer le milieu ordinaire, partiellement ou à temps plein. 

Pour d’autres, l’expérience a pu mettre en avant les freins, les points d’amélioration et a donné une vision plus réaliste du milieu (en partie protégé puisque le formateur a été présent à chaque séance).

Pour conclure cette expérience, une remise des récompenses a été organisée début juillet. Ophélie se souvient « Nous sommes allé à l’Hôtel de Ville de Villefranche-sur-Saône pour la remise des attestations de compétences. Il y avait de nombreux clients : Casino, Leclerc, Lidl, Decathlon… C’était très bien, nous avons été bien accueillis. Nous avons remercié la référente, madame Petit de l’ESAT aussi… » « Il y avait même le maire de Villefranche sur Saône » ajoute Christopher.

 

Une 3e session en préparation

Après ces 2 années de réussite, une 3e équipe de l’ESAT va prochainement se lancer dans l’aventure et déjà, de nombreux travailleurs de l’ALGED sont volontaires et l’ensemble des travailleurs sont investis. Car chaque mardi, avant de partir, les équipes de l’ESAT doivent s’organiser pour que les activités des ateliers se poursuivent. Et cela aussi, les travailleurs d’ESAT le gèrent en autonomie. Une réorganisation qui concerne donc toutes les équipes.

Les retours sont tous plus positifs les uns que les autres, pour les personnes accompagnées par l’ESAT, les professionnels mais aussi pour les entreprises extérieures. Cette étape vers l’inclusion a donc encore de beaux jours devant elle !

 

     > Le Progrès : retrouvez l’article du journal Le Progrès à l’occasion de la remise d’attestations de compétences : https://c.leprogres.fr/economie/2024/07/08/handiwork-des-stages-en-entreprise-pour-que-le-handicap-ne-soit-pas-un-frein-a-l-emploi