L’édition 2022 du Pôle passerelle, portée par ALGED Compétences et animée par le SIP (Service d’Insertion Professionnelle), s’est terminée en octobre. Depuis le mois de janvier, 6 travailleurs d’ESAT et une personne accompagnée par le SAMSAH de l’ALGED constituent ce groupe qui s’est réuni tous les jeudis pour 180 heures de formation. Joëlle Cook, formatrice, les a accompagnés du premier au dernier jour pour les amener progressivement à mieux appréhender le monde du travail en milieu ordinaire et leur donner toutes les clefs pour décider en toute connaissance de cause de leur avenir professionnel. Connaissance de soi, connaissance du monde du travail, techniques de recherche de stage… Le programme est ambitieux.
Nous retrouvons donc le petit groupe dans les locaux du SIP, dans le 9e arrondissement de Lyon pour ses toutes dernières heures de formation. Retour sur le parcours de chacun…
Romain travaille à l’ESAT Hélène Rivet depuis 10 ans. Il raconte comment le Pôle passerelle l’a mené à se préparer à effectuer son premier stage en milieu ordinaire, au sein du magasin E. Leclerc Champvert. Ce stage en tant qu’employé libre-service au rayon épicerie, il le souhaitait depuis le départ. Le Pôle passerelle lui permet de rendre ce projet bien réel et donc concret très prochainement. « Je vais désormais travailler 25 heures par semaine, de 6h à 11h et le samedi ».
Monia, travaille actuellement à l’ESAT La Roue et va, elle aussi, rejoindre le site de E. Leclerc pour un futur stage. « Hier j’y étais aussi, ça s’est bien passé, le directeur a expliqué comment ça marche. J’ai choisi de travailler 35h par semaine à partir du 24 octobre ». Le rythme est soutenu, Monia le sait mais elle se sent prête. Elle sait aussi que le magasin pourra lui permettre de réduire ce temps si celui-ci s’avère trop conséquent. Une chance pour cette travailleuse très motivée. « J’ai toujours eu envie de travailler en milieu ordinaire » confie-t-elle « et j’ai déjà deux expériences de stage à Auchan et à Monoprix ». Joëlle confirme « Monia sait très précisément ce qu’elle veut faire depuis le début de la formation » !
Pablo complète le trio des futurs stagiaires du magasin E. Leclerc. Actuellement en restauration collective à l’ESAT Hélène Rivet, il raconte, passionné : « Je fais la formation du pôle passerelle spécialement pour faire un stage en boulangerie/pâtisserie. Je voulais voir le monde du travail en tant que boulanger/pâtissier […] Depuis mes 10 ans, j’en rêve, je fais souvent du pain chez moi ». Commencer à 5h du matin n’est pas un frein pour lui qui a déjà passé des tests à la chambre des métiers et s’est fait évaluer en vue de suivre une remise à niveau avec le centre de formation ALPES. Pablo s’inscrit dans une démarche de qualification afin d’accéder à un diplôme de type CAP Boulanger. Ses collègues de formation confirment son talent : Pablo leur a déjà amené quelques-unes de ses créations qui ont été un succès.
Enzo, lui, a pu être conforté dans ses choix. Travailleur à la sandwicherie Max Saveurs, il sait désormais ce qui lui plaît. « Je suis à Max Saveurs depuis mars 2019, bientôt depuis 4 ans. Je souhaitais faire le Pôle Passerelle pour réfléchir à mon avenir dans la restauration rapide. Maintenant je sais que j’aimerai rester là où je suis ». Joëlle le rassure « C’est un choix réfléchi. C’est l’une des possibilités à la fin du Pôle Passerelle : décider de rester là où l’on est ».
Mickaël n’est pour sa part pas encore tout à fait sûr de la suite. « Je suis à l’ESAT Didier Baron et je reste à l’ESAT mais je voudrais refaire des mises à disposition*. J’aime avoir un pied dans le milieu ordinaire, vaguer entre les deux et développer mes compétences. Le Pôle Passerelle m’a permis de connaître beaucoup de choses sur la mise à disposition, d’apprendre à faires des lettres de motivation et des CV… »
*La mise à disposition est un dispositif qui permet à une personne reconnue travailleur handicapé de trouver une mission de travail temporaire, adaptée à ses capacités, dans une structure du milieu ordinaire.
Christophe poursuit : « ça fait un bout de temps que je n’ai pas travaillé. Je suis accompagné par le SAMSAH de l’ALGED de Mornant. Je voulais revenir dans le milieu ordinaire en commençant par une mise à disposition. Ce qui m’a surtout intéressé c’est faire des lettres de motivation, des CV, se présenter aux employeurs… ». Joëlle l’encourage à continuer en expliquant son projet. « Plutôt préparateur de commandes. J’ai aussi essayé les métiers de magasinier. Il y a beaucoup de choses qui m’ont servi. J’ai comme projet d’être accompagné par le SIP » ajoute-il.
Joëlle précise à l’attention de tous : « les mises à disposition peuvent vous intéresser pour aller vers le milieu ordinaire, en douceur ». Elle rappelle aussi « si à un moment vous évoluez dans vos choix, c’est toujours possible, rien n’est définitif, vous savez à quelle porte taper, elle sera toujours ouverte pour vous ».
Angélique est la seule pour cette session, à venir d’un autre ESAT que l’ALGED. « Je suis à Saint Léonard depuis 1995 et je souhaite aller sur une mise à disposition. » explique-t-elle fièrement. « Je vais essayer d’aller faire un stage en bibliothèque parce que j’adore lire et que j’ai des contre-indications médicales qui m’obligent à être dans des lieux calmes. Une bibliothèque, c’est calme et à l’accueil, j’aime la relation avec les clients ». Quant à ce qui lui a plu, son sourire sincère en dit long : « L’ambiance d’abord et tout ce que nous a appris Joëlle : les quiz par exemple, voir d’autres choses comme l’entreprise Voisin, d’autres ESAT… ».
Joëlle explique « Il est vrai que pour que cela fonctionne, il faut que le groupe soit de connivence, solidaire et que chacun respecte les autres. Vous aviez des motivations très différentes au départ, il y a parfois eu de la fatigue en fin de journée et malgré cela, vous avez beaucoup travaillé, dans la bonne humeur, la bienveillance et avec beaucoup d’écoute entre vous. »
« Et nous avons beaucoup rigolé » conclut Christophe, déjà nostalgique de cette expérience dont tous sortent déjà grandis.
