Dans le secteur médico-social, les assistantes de service social jouent un rôle majeur dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap et de leurs familles. Pour autant, d’un site à l’autre, selon les publics, leurs missions peuvent être très variées.

En cette période automnale, nous nous rendons sur le site de Marguerite Girier, à Genas, à la rencontre de Cassandre Jakob et Léa Jouve qui exercent toutes deux cette fonction.

 

Une répartition des missions par âge

« A Marguerite Girier, nous avons 2 dispositifs : le dispositif d’inclusion scolaire qui représente 5 groupes de 12 enfants de 5 à 14 ans. J’interviens sur ce dispositif », commence Cassandre. Sa collègue, Léa, enchaîne « Et pour ma part, je travaille sur le dispositif d’insertion sociale et pré-professionnelle, qui concerne les groupes 6 à 9. Ce sont des jeunes qui ont entre 15 et 20 ans. Je travaille aussi avec le SESSAD, actuellement situé à Meyzieu »

« Ici, il n’y a pas vraiment de journée type. » poursuit Léa. « Nous sommes dans un contexte particulier du fait de la reconstruction actuelle du site. On construit donc aussi notre place auprès de l’équipe. Nous imaginons aussi que l’organisation du site évoluera avec la création d’un pôle enfance au sein de l’association. »

 

Participer au processus d’admission et de sortie

L’une des missions principales de ces professionnelles concerne les admissions et sorties. Cassandre explique « On commence par la phase de préadmission. L’idée c’est que l’on soit le premier interlocuteur de la famille, on fait en sorte qu’il n’y ait pas trop d’intermédiaires pour que la famille n’ait pas à raconter plusieurs fois sa situation. Pour eux, ce n’est pas toujours simple ces premiers contacts. On joue un rôle d’écoute, d’orientation… On est le 1er professionnel identifié dans la structure, nous devons créer un lien de confiance.

Nos échanges durent souvent 1/2h. On fait le point concernant l’orientation MDPH du jeune, on vérifie que l’établissement soit adapté… C’est un travail assez administratif avec notamment la création et le suivi des dossiers sur Imago (le dossier unique informatisé).

J’ai aussi beaucoup de familles qui appellent et n’ont pas forcément d’orientation pour l’établissement mais elles cherchent des réponses ou une place, parfois depuis des années. Cette mission d’accompagnement peut être difficile parce que l’on a en face des familles souvent démunies, même pour du répit. Parfois on a des personnes en pleurs au téléphone, il y a beaucoup d’espoir pour une future place disponible ».

Contribuer au processus d’orientation

Léa poursuit « Pour anticiper les sorties de l’établissement, on travaille notamment les projets du jeune, son insertion. En lien avec l’équipe, nous associons le jeune pour contacter les structures dans le secteur adulte : ESAT, SAJ, SAT, Foyer d’Hébergement, Foyer de Vie…  Je peux l’accompagner lors des visites, dans sa demande de stage, dans la constitution des dossiers de candidature et du dossier d’orientation MDPH. Je propose un rendez-vous avec le jeune, puis sa famille. L’équipe aide le jeune à construire son CV. On lui explique qu’il va avoir un revenu, on aborde les questions liées à la mesure de protection, la question de la vulnérabilité, de la majorité… Ces questions sont pour l’instant abordées de façon individuelle, mais je pourrai être amenée à le faire de manière collective en co-animation.

Sur le dispositif d’inclusion scolaire, il y a moins de sorties mais ça peut arriver pour un jeune qui change de département par exemple.

L’orientation permet de préparer les jeunes au changement, à être plus autonomes dans les transports par exemple, à s’adapter à d’autres structures. Cela se construit avec les familles. Aujourd’hui, cet aspect est plutôt développé pour les plus grands mais on pense que cela serait intéressant d’ouvrir la réflexion avec les familles des jeunes de 11-12 ans qui seraient admis depuis l’âge de 5 ans par exemple. »

 

Constituer et suivre le dossier social

 « Nous sommes souvent sollicitées par les familles par le biais du dossier MDPH. La demande peut être un soutien administratif pour des familles en difficulté dans les démarches, cela peut-être un conseil du fait de notre expertise ou un simple besoin d’être soutenu et d’être rassuré.

Le dossier est aussi une bonne médiation pour aborder les questions liées à la vie de famille de manière plus approfondie, de mieux comprendre comment elles vivent au quotidien. Les échanges tournent autour de la guidance parentale, de l’ouverture et du renouvellement des droits, de l’orientation sur des dispositifs de répit, de l’autonomie…

Ensuite, nous coordonnons la constitution du dossier en lien avec l’équipe pluridisciplinaire de l’IME pour joindre le regard des différents professionnels (éducateurs, psychologue, médecin etc) » explique Léa.

Lorsque le dossier est envoyé, nous continuons de suivre son traitement. Les familles peuvent nous confier être épuisées par une lourdeur administrative (temps de traitement souvent très long, perte de dossier, demande de document complémentaire…).

On mène aussi un petit combat pour suivre les dossiers auprès de la MDPH et de la CAF. Ces dossiers, il faut vraiment les porter.

De manière générale, je travaille plutôt avec les familles mais on essaie de plus en plus d’être plus en lien avec les jeunes, de les accompagner à être autonome. »

 

Collaborer étroitement avec l’équipe pluridisciplinaire 

« Travailler en équipe, c’est être au cœur de la réflexion. On construit ensemble le parcours du jeune avec le regard de tous les professionnels. Nos collègues au plus près des enfants peuvent aussi nous faire remonter des informations qu’ils identifient pertinentes pour notre accompagnement auprès des jeunes » indique Cassandre.

 

Notre bureau est un peu éloigné des lieux d’apprentissage. On s’est rendu compte que personne ne venait spontanément. Depuis la rentrée, nous réfléchissons chacune à la mise en place d’une permanence d’une demi-journée tous les 15 jours sur les sections. Ça permet d’être plus proches avec les équipes et aussi que les jeunes puissent avoir un lieu et un moment où ils savent que nous sommes à disposition. »

Léa poursuit « Depuis que j’accompagne des jeunes adultes au sein de l’IME, je suis plus en lien avec les collègues d’ESAT, de SAJ, d’hébergement, du SAT… Globalement, nous sommes en interface avec les partenaires, par exemple avec la protection de l’enfance et avec des éducateurs qui peuvent intervenir à domicile. »

 

Soutien à la parentalité et aide au répit

Les assistantes de service social jouent également un rôle primordial pour accompagner les familles dans leur quotidien de parents. « On a un regard sur ce qui se passe à domicile, ce qui est assez propre au secteur enfant. Ça peut être par exemple une aide pour trouver un centre de loisirs ou organiser un séjour de vacances adaptées, des aides éducatives, chercher un ergothérapeute en libéral, du sport adapté… Ça permet parfois aussi de déclencher un début d’accompagnement. »

 

Mission de protection de l’enfance 

« A la suite d’une inquiétude ou d’une préoccupation de l’équipe, nous rencontrons la famille pour mieux comprendre la situation et apporter notre éclairage. Si les éléments d’inquiétude sont avérés, nous pouvons, en lien avec l’équipe de direction, rédiger une information préoccupante ou un signalement au procureur que nous rédigeons. On s’assure du traitement de ce signalement, on donne des informations complémentaires, on peut être convoquées pour une audience, on informe l’équipe… Nous faisons aussi en sorte que la famille comprenne l’intérêt de la démarche, on fait de la médiation, on rassure la famille, on met du sens sur les éventuels actions et/ou suivis qui en découleront. »

Si les missions de ces assistantes sociales sont variées, être deux est un vrai atout pour l’accompagnement social, pour pouvoir échanger à propos des situations rencontrées. Un petit plus qui aide dans le quotidien et renforce le travail de lien pour suivre au mieux l’accompagnement des jeunes.